Artanis Kirin [Terminé]

Namai, capitale du dominion des elfes d'opale, au cœur de Saseryn, là où toute l'idéologie de ces êtres d’orgueil se cristallise, se dessine sous le regard vagabond de celui l'observant depuis l'une de ses hautes tours. De tous les domaines nobles se divisant en un patchwork de manoirs, tours, jardins et autres édifices, monuments érigé à la grandeur de leur propriétaire, il en est un qui lui est plus cher à son cœur. Le domaine Kirin, semblant presque se détacher des autres, établi en bordure de la capitale, plus grand que tous ces voisins réunis il est également le plus simple. Un grand manoir composé d'une successions de tours n'ayant pu être érigée qu'à l'aide de la magie bien sur, mais surtout de grandes plaines, une immense forêt en son centre, à la canopée aussi haute qu'insondable, et une formation rocheuse, sortie de nulle part, s'élevant au seins de la mer d'émeraude, telle une petite montagne, elle aussi sûrement crée par magie.

C'était parmi ces pins, ces châtaigniers, ces chênes et ces hêtres qu'il avait grandi, s'était caché dans ses moments de peine, avait joué durant ses moments de joie. C'était sur l'océan de verdure qu'il avait appris à monter, et qu'il s’exerçait en secret à la magie le soir, s'allongeant après son labeur sur l'herbe en regardant les étoiles. C'était sûrement dans l'une des chambres d'une des hautes tours du manoirs, qu'Artanis Kirin avait vu le jour.

Il avait été élevé comme un parfait prince, seul fils d'une des plus anciennes et plus riches familles de la capitale, son éducation en avait fait l'image la plus resplendissante de tout l’orgueil de son peuple, mais également ses vertus, et sa perfection. Artanis s’enorgueillissait de la simplicité de son domaine, après tout, le soleil a t-il besoin d'artifices pour être l'étoile la plus brillante?
Il reçut un parfaite éducation martiale, sociétale, et magique, la première étant abordée comme une nécessité pour son objectif, la seconde lui venant naturellement, la dernière étant reçue comme une véritable purge à laquelle il se soustrayait par obligation de décorum, lui préférant l'aventure et les épreuves de courage et gloire que les rangées de livres poussiéreux.
Par dessus cela, son père supervisa personnellement son éducation sur l'histoire de son peuple, du premier empire au royaume actuel, n'omettant bien sûr pas le dominion draconique. Lorsque son père lui parlait de ce dernier, il insistait particulièrement pour présenter les dragons comme tout autant pêcheur que les elfes d’antan dans leur hubris de domination, ainsi que sur la disparité des personnalité même au seins d'un même vol draconique.
Cette dernière informations dissonait avec ce qu’apprenait Artanis en dehors de son foyer, présentant les dragon d'autrefois comme "tous des tyrans assoiffés de domination et de massacre vindicatifs en cas d'insubordination, des "bêtes" à exterminer pour le bien communs de tout Orath". Artanis n'en avait cure, de toute façon, ces histoires étaient tirées de vieux livres, et les paroles de son père semblait connectée à une vérité plus objective, Artanis relevant l'hypocrisie de l'ancien empire elfe ayant sûrement souhaité la "réussite" plus tard appartenant pleinement aux dragons.

Ne s'arrêtant pas dessus, Artanis garda pourtant en son cœur de ces épisodes d'apprentissage un désir, celui de devenir "plus", plus parfait, plus grand, plus vertueux. Il souhaitait dépasser les limites de perfection de la noblesse elfe elle même. Devenir plus noble de cœur, effacer l'hypocrisie elfe pour devenir un parangon de vertu telle que l’orgueil deviendrait humilité, incarner ces préceptes de chevalerie afin de pouvoir être une balise pour le monde, une image, un idéal à suivre afin que cette terre connaisse une paix durable, un équilibre entre les peuples pour qui le suivrait.
L'elfe d'opale n'était pas aveugle à cet "orgueil plus grand pour remplacer l’orgueil" mais après tout n'étais-ce pas naturel pour l'héritier d'une des plus puissantes familles nobles?
Guidé par son idéal, Artanis redoubla d'effort, et durant son adolescence et son arrivée à l'age adulte, s’entraîna sans relâche afin de se faire digne de son idéal chevaleresque. La maturité lui offrit un brin de sagesse, et une mesure d'humilité entres-temps, cela ne dissolvant en rien son orgueil, nourrit par les succès offert par les fruits sa détermination.

Rhéteur hors pair, son père, encore une fois, insistant pour une éducation approfondie de l'équitation, lui fit passer par milles supplices d’entraînement afin qu'Artanis apprenne à "ne faire qu'un avec sa monture". Le jeune elfe n'y voyait qu'un nouveau défis, une nouvelle preuve à faire de sa détermination et la résilience de son esprit. Se pliant au exercices de son maître d'armes, ayant choisi la lance, bien évidement l'arme d'un cavalier, il y trouvait une forme d'art, de danse, qui le fascina et l'écarta de toute forme d'intérêt pour ses études magiques. Il resta pourtant de longues années à arpenter les bancs de l'académie magique, principalement pour pouvoir échanger avec son meilleurs ami, lui passionnée par la science arcanique, et pouvoir raconter à cette oreille toujours attentive pour lui, durant des heures, ses rêves d'aventure et de combat pour la paix, l'équilibre et un monde meilleur. Néanmoins son entraînement martial exigeant toujours plus de lui, et Artanis exigeant lui même plus encore de lui même, il fini par mettre un terme à ses études magiques, en cours de route, avant d’avoir pu les achever, et à sa grande surprise, sa famille ne lui en teint pas rigueur.

Durant les années qui achevèrent son entrée dans le monde adulte, un nuage planait constamment dans l'esprit d'Artanis, ne comprenant pas le pourquoi de cette étrange acceptation de sa "non perfection absolue". Cette réponse il l'obtint le jour où son maître d'armes lui déclara qu'il était "près", un mois après qu'il n'ait plus rien à apprendre de la rhétorique de sa mère, ayant même pris le temps à son fils des bases de la musiques pour "amuser la cours", et quelques jours après que son père ne se soit reclus dans la forêt familiale, n'ayant plus d'exercices équestres aux atours de cours de philosophie à lui faire relever.

Son père vint ainsi le voir, un matin, à l'aube, alors qu'Artanis, allongé sur l'herbe encore couverte de rosée, venais de terminer ses échauffement matinaux. Le jeune noble ne sut si c'était la brume accompagnant la marche de son paternel, ou son expression, les traits de son visages s'organisant alors en une combinaison qu'il n'avait jamais vu, mais il sut que sa vie ne serait plus jamais la même. Se redressant, saluant son père, ce dernier balaya d'un revers de la main dans l'air le décorum avant de s'adresser a son fils directement:

-Tu sais que je n'aime pas les courbettes, je suis ton père, n'ai-je pas le droit d'embrasser mon fils que je n'ai pas vu depuis plusieurs jours?

-Vous savez que moi aussi père, mais je n'oserais pas vous montrer rien de moins que l'absolue achèvement de tout ce que vous m'avez appris, et permis d'apprendre, les manières de la cours en font partie...

-aller viens toi ...

Artanis n'avait jamais compris comment son paternel, l'un des nobles les plus puissants de la capitale, arrivait à équilibrer sa vie entre dureté et exigence absolue pour son héritier lors de l’entraînement, rigueur de ses responsabilités à son office, et son côté "papa gâteaux" quand en dehors de tout le reste. Pourtant sans comprendre pourquoi, Artanis appréciait ces quelques instants de "faiblesse", quelque part, il admirait son père d'avoir la force de rester si irréprochable tout en se permettant de tels écarts. Ce dernier reprenant après l’étreinte:

-J'espère qu'un jour tu comprendras, et ce jour est peut être aujourd'hui, suis moi.

-Oh oh, nous allons dans la forêt? Vous n'avez jamais aimé que j'aille me balader dans votre domaine de chasse, quelle est l'occasion pour m'autoriser ainsi à y pénétrer?

-Ce n'est pas mon domaine de chasse, plutôt celui d'une autre ...

-Que ... ?

-Assez de questions, tu sauras tout bien assez tôt.

Acquiesçant, Artanis pénétra ainsi plus profondément qu'il ne l'avait jamais fait dans l'épaisse forêt, rejoignant le massif rocheux, son père navigua à travers roches, mousses et lichens pour le mener à l'entrée d'un tunnel, et d'une grotte. Ébahi face à la majestés de l'architecture minérale devant lui, Artanis aurait pu s'émerveiller de la réalisation que ce qu'il pensait être une petite montagne n'était en réalité qu'un immense dôme, son attention fut autrement captivée par ce qu'abritait le dit dôme. Au centre de la pièce, allongé au milieu de quartz et autres cristaux étincelants comme une lumière assombrie en comparaison, le corps d'un immense dragon d’albâtre. Chaque écailles de la créatures semblait être un diamant aux yeux du jeune elfe le souffle alors coupé, et lorsque le regard d'Artanis croisa celui du dragon, d'un bleu telle une abysse insondable, le jeune elfe ne put s'empêcher de mettre genoux à terre devant une majesté qu'il ne pouvait expliquer.

Son père le relevant, il déclara ces mot qui  resteraient à jamais gravé dans l'esprit d'Artanis:
"
Mon fils, tu es ma plus grande fierté et celle de toute la famille, tu as grandi pour devenir non pas seulement un exemple pour tous les nobles de la cité, mais pour tout le peuple elfe. Tu as su apprendre, intérioriser, représenter en ton cœur les plus grandes vertus attendues de toi. Par ton honneur, tu défends la justice, non pas celle des mortels ou des dieux, mais celle du cœur, celle dont la seule lois est l'obligation de ceux ayant le pouvoir, de l'utiliser uniquement au bénéfice de ceux n'en ayant pas, contre ceux qui en abuse. Par ton humilité tu démontres encore en cet instant que tu ne te hisses pas aux dessus des autres par orgueil, mais tu sais trouver ta place, la garder, et reconnais tant ceux que tu peux aider à gravir de nouveaux sommets, que ceux à qui tu dois le respect aussi grande sois ta majesté. Ton honnêteté t'a permis de faire face aux préjugés et aux attentes d'autres pour toi, effaçant le doute en ton cœur quand à ton destin, et le doute dans celui de ceux autours de toi qui pourront toujours trouver en toi la voie de la raison, car c'est sans retenue que lorsque le moment le demande, tu laisses parler ton cœur. Aujourd'hui, mon fils, tu apprends ta dernière leçon, ta dernière vertu, la compassion. Laisse moi te parler non pas de l'histoire de cette terre, ou de notre peuple, mais de notre famille."

Et sous le regard inquisiteur de la créature occupant presque tout l'espace de la grotte, ne quittant jamais des yeux le jeune elfe, le père d'Artanis entrepris de lui compter l'histoire de la maison Kirin. Artanis appris ainsi qu'elle n'avais toujours été la grande maison noble qu'elle était à ce jour. Autrefois esclaves d'une famille du vol blanc durant la domination des dragons, les propriétaires de la famille kirin ne partageaient pas les idéaux suprémacistes de leurs semblables, et avait tenté de traiter leurs esclaves avec le plus d'égards possible que leur position le permettait. Les traitant avec autant d'égards que leurs égaux dans la sphère privée, c'est tout naturellement qu'à l'approche de la fin du règne des dragons, ils leur redonnèrent leur liberté en secret avant même que les flammes de la guerre ne les emportent. Passant à l'occasion une forme de pacte, toute la richesse des dragon serait mise à la disposition de la famille Kirin afin qu'elle se hisse dans les rangs sociaux elfes, et puisse obtenir le moyen d'abriter les dragons, comme ils l'avaient fait pendant toute ces années, au seins de l'empire elfes, loin de la vindictes les pourchassant.
Et c'est ce qu'ils firent, bâtissant une lignée et un renom si haut qu'il avait exempté la famille Kirin de tout soupçon. Le dragon pris alors la paroles pour terminer le monologue :

-Je me nomme Veryana, et suis la dernière représentante de ma famille, mon compagnon a donné ses dernières forces afin de bâtir conjointement avec tes ancêtre cette demeure pour moi, et notre descendant.

Ce qu'Artanis avait pris pour une cascade de quartz cristallisés se souleva soudain devant lui, et derrière l'aile du dragon se révéla un petit être, pas plus grand qu'un gros chien, version miniature du géant reptilien, ce dernier reprenant:

-Voici Belthranar, mon fils, son œuf a éclos le jour de ta naissance, c'est ainsi que nous avons su, ton père et moi, quel rôle tu aurais à jouer dans tout cela.

Ainsi une destinée lui fut révélée, une destinée qu'il avait toujours su exister au fond de lui, un honneur bien plus haut que la chevalerie, exigeant de lui une exemplarité à laquelle il ne pensait même pas pouvoir aspirer.

Vivre aux côté de ce dragon, grandir avec lui, tisser un lien inséparable qui lui permettrait à lui de comprendre les dragons, comprendre l'hubris des elfes et à travers le destins du dragon, comprendre et agir pour la nécessité d'un retour à la paix, et l'équilibre entre les peuples. Belthranar quand à lui, aurait à apprendre l'humilité des autres races, porter en lui et à travers ses actes un message d'entraide, et d'ouverture pour que les dragons reconnaissent la pleine valeurs de toutes les autres vies d'Orath. Ce destin ils le partageraient ensemble, l'un aidant l'autre, soutenant l'autre comme deux frère, comme une seule race, un seul peuple.

Alors qu'Artanis s'autorisa à approcher Belthranar, ce dernier d'abord esquissant un geste de reculs, puis à la pression de sa mère se laissant toucher, cette dernière vint placer son regard d'Azur directement en face de celui d'Artanis:

-Deviens plus qu'un chevalier, plus qu'un noble, plus qu'un elfe. Puise en ton cœur, en ce que tu sais aujourd'hui, les valeurs que tu croient justes la force de devenir un bastion de vertu derrière lequel tu pourras défendre tes idéaux, deviens une balise, une flamme étincelante, un exemple que tous ne pourront que suivre afin de mener cette terre et ces peuples vers la paix et l'équilibre. Ne te bat plus que pour ta famille, mais pour la notre également, ne te bat plus pour ton peuple, mais pour tout ceux parcourant ce monde. Es-tu prêt à accepter cette responsabilité, et cet honneur qui t'es fait?

-Je ... je le suis, qu'importe l'honneur, qu'importe la grandeur, cette tâche sera ma vie, et son accomplissement sa seule récompense, aujourd'hui je sais en mon cœur que c'est ce que j'ai toujours voulu, aucune autre tâche n'aurait pu m'emplir d'autant de détermination.

-Très bien, dans ce cas, petit elfe, endors toi, pour ne plus jamais revenir, et deviens ce que tu es vraiment en cet instant, l'égal des dragon, deviens le frère de Belthranar, prouve que ta force n'a d'égal que les tempêtes, que ton honneur est aussi haut que les cieux, et ton esprit, aussi inébranlable que les montagnes, en cet instant, enfin à travers toi, nos familles ne font plus qu'une!

Et le bout du museau de la dragonne toucha le front d'Artanis, et une décharge magique s'empara de  lui, avant de perdre connaissance, le jeune elfe aurait juré que les yeux de Veryana était devenus flammes.

Sa chevelure d'or devint argent, ses yeux verts devinrent un bleu profond aussi vibrant que la magie dans ses veines, et on corps se dénua de tout défauts même aux yeux des elfes, à l'endroit où la dragonne l'avait touché, une écaille blanche cristalline recouvra sa peau. La transformation qui changea Artanis en dragon du vol blanc le laissa tétanique, fiévreux, gémissant sous la douleur toute la journée. Seulement en se raccrochant à son ego, et à la détermination en lui de se montrer à la hauteur de l'honneur qui lui était fait, arriva-t-il a émerger de l'épreuve. Encore l'esprit embrumé il se releva, tombant nez à nez avec le petit dragon blanc, il ne trouvais nulle part sa génitrice. Comprenant qu'à l'image de son père, la mère de Belthranar avait donné sa vie pour faire d'Artanis ce qu'il était désormais, ce derniers posa sa main sur le front du dragon, qui lui dit, sa voix résonnant avec écho dans la caverne, rappelant son âge malgré sa taille:

-Où allons nous mon frère?

Sa voix, bien qu'emprunte de maturité, était aussi claire et vibrante que celle d'un nouveau né, et à ces mots le cœur d'Artanis se tordit d'une manière qu'il n'avais alors jamais ressentit.

-Tu es ma seule famille, et je suis la tienne maintenant, allons ensemble conquérir le monde et ce qu'il a à nous offrir!

-Oui, rien ne saura nous arrêter pas même les cieux, et la mélancolie qui étreint nos cœur deviendra bientôt une fierté, une force, qu'aucun de ceux nous barrant la route ne pourrons vaincre!

Plus jamais vraiment elfe, frère d'un dragon, Artanis découvrait sont destin se tracer à ses pieds. Infiniment lourde était sa responsabilité, et sa peine, mais tant était sa joie de pouvoir faire enfin l'épreuve de tout ce qu'il était, qu'il trouva bien vite ses pieds prendre le chemins de l'aventure, par delà son domaine, par delà la capitale, et les terres elfiques.